RESUME

INTRODUCTION : Les troubles fonctionnels digestifs représentent une préoccupation quotidienne, tant pour le gastro-entérologue que pour le médecin généraliste. La prise en charge de ces malades n'en reste pas moins difficile, en l'absence de critères précis et d'une démarche diagnostique et thérapeutique unifiée. La dyspepsie constitue un des problèmes cliniques les plus courants en médecine générale.
La dyspepsie est un motif fréquent de consultation au Burundi et retentit sur la qualité de vie des patients et occasionne une automédication accrue.
L'objectif principal de notre étude était d'évaluer la fréquence du syndrome dyspeptique chez les patients référés dans l'unité d'endoscopie digestive haute du CHUK et chez les patients consultant dans l'un des Hôpitaux de l'intérieur du pays cas de l'Hôpital de MUSEMA.

MATERIELS ET METHODES : Il s'agit d'une étude prospective menée sur deux groupes de patients, âgés de 16 ans et plus souffrant de la dyspepsie chronique selon les critères de ROME III. Le premier groupe concernait des patients ambulatoires vus en consulation à l'Hôpital de MUSEMA sur 2 mois (octobre-novembre 2014) : 600 patients ont été interrogés. Les malades trouvés dyspeptiques (115 patients) n'ont pas pu bénéficier d'endoscopie digestive haute (Dyspepsie fonctionnelle non investiguée). Le deuxième groupe des patients concernait des patients adressés par les médecins au service d'endoscopie du CHUK sur une période de 4 mois (Decembre 2014 à Mars 2015), 205 patients ont été identifiés comme dyspeptiques chroniques et ont bénéficié d'une endoscopie digestive haute (Dyspepsie investiguée).

RESULTATS : La fréquence de la dyspepsie chez les malades ambulatoires était de 19,16% (115/600) : Dyspepsie fonctionnelle non investiguée (DNI).
La fréquence de la dyspepsie fonctionnelle (DF) : malades dyspeptiques chroniques avec absence de lésions digestives hautes susceptibles d'expliquer les symptômes : 63,11% s(65/103). L'âge moyen des patients était de 40,73 ans et de 35,61 ans respectivement pour la DNI et la DF avec un pic de fréquence dans la tranche d'âge de 21-40 ans (66,15%) avec une prédominance féminine avec sex-ratio de 0,6 pour la DF et de 0,5 pour DNI.
La dyspepsie non spécifique et le syndrome de dyspepsie postprandial étaient les types symptomatologiques les plus fréquents : 53,91% pour DNI et 49,23% pour DF et 73,91% pour DNI et 67,69% pour DF. La prise d'alcool a été trouvée dans 36,52% et 47,69% respectivement pour la DNI et DF. La majorité des dyspeptiques était des agriculteurs : 76,52% pour la DNI. Les aliments riches en graisses (32,31), les épices (38,46%), l'alcool '24,61%) stress (18,46%) et la prise d'AINS (18,46%) étaient des facteurs déclenchant de la DF et le sommeil et les antisécrétoires étaient les principaux facteurs calmants.
Le SII parmi les dyspeptiques était de 49% la DNI et de 40% pour la DF. Les AINS étaient retrouvés comme induceurs de dyspepsie dans 30,77% pour la DF et dans 27,83% des cas de DNI. Les antécédents et/ou comorbidités ont été retrouvés dans 24,62% et 13,91% respectivement pour DF et DNI. La multiplication des conultations a été notée dans 63,07% pour la DF et 53,05% pour la DNI, l'impact négatif sur la qualité de vie à 47,69% pour la DF et 51,30% pour la DNI et 51% des dyspeptiques fonctionnels et 78% des cas de DNI faisaient recours à l'automédication.

CONCLUSION : La dyspepsie est très fréquente ici comme ailleurs et entraine un impact négatif sur la qualité de vie des patients et très souvent associée au SII.

Mots clés : Dyspepsie non investiguée ; Dyspepsie fonctionnelle ; Epidémiologie.