Mémoire présenté et défendu publiquement en vue de l'obtention du grade d'Ingénieur Agronomme.

Résumé

Une mauvaise performance de la filière café du Burundi engendrée par des coûts importants et difficilement soutenables par l'Etat a été observée et a conduit à une situation de crise. Il a fallu une analyse des différentes activités économiques de la filière café du Burundi afin de mettre en évidence les activités clés ayant un impact réel en termes de coût ou de qualité et permettant à la filière de se construire et de gagner durablement son avantage compétitif. Pour y arriver, nous avons mené une enquête sur terrain auprès des acteurs de la filière café impliqués dans l'étude et consulté des documents de référence divers. Les résultats ont montré que 40% du verger caféicole burundaise est veux et a plus de 30 ans tandis que sa production est cyclique. Avec un rendement en cerises de 3 088,07 kg/ha soit 1,48 kg pied, au prix de 363,75 FBU le kg, les caféiculteurs perdent en moyenne 200 FBU par kg de café vert. Il a été aussi remarqué que l'allure de création de la valeur ajouté suit l'évolution de la courbe de production du café. Autrement dit, une bonne récolte est un signe avant-coureur de bons résultats pour la filière. La structure des charges diffère d'un maillon à l'autre; certaines de ces charges sont très prépondérantes notamment le coût de la main d'oeuvre chez les planteurs, les consommations intermédiaires et les frais dus au personnel beaucoup très élevées surtout chez les transformateurs du café Fully Washed, le coût d'achat du café parche pour les collecteurs commerçants et les sociétés privées oeuvrant dans la sous-filière Washed. Telles que ciblées, ces charges constituent, des goulots d'étranglement et vrais inhibiteurs du profit à tous les stades de production de la filière. Les résultats ont prouvé également que les caféiculteurs créent une part considérable de la valeur ajoutée globale cependant, ils travaillent à perte. Les déparcheurs du Washed et les collecteurs ont une faible part de la valeur ajouté global mais tirent profit de leurs activités. Cela implique qu'une mauvaise gestion des facteurs de production chez certains de la filière café inhibe leurs performances. Nous signalons qu'il ne suffit pas seulement de dégager une valeur ajoutée élevée pour émerger dans une telle filière où l'insuffisance de la matière première son plein et où certaines charges qui affectent négativement le résultat ne sont pas encore revues à la baisse. En définitive, les producteurs devront, en premier lieu, maximiser leur valeur ajoutée par l'accroissement du produit de vente via une amélioration de la production en qualité et en quantité sans oublier la maîtrise du coût lié à la main d'oeuvre pour combler leur manque à gagner. En deuxième lieu, les producteurs devront connaître leur coût de production qui leur servira de base de référence pour écouler leurs cerises à des prix rémunérateurs. En dernier lieu, les producteurs devront être pris en compte par le reste d'acteurs de la filière lors de l'achat de leur café de manière à leur permettre la réalisation des prix de vente susceptibles de couvrir leurs charges d'exploitation; ce qui serait un encouragement pour les caféiculteurs.