Nduwaimana, Mélance

Le viol commis sur les femmes et les filles en période post-conflit au Burundi : pour une compréhension des expériences vécues pour les victimes et les réponses institutionnelles et communautaires de sa prise en charge / Mélance Nduwimana . - Bujumbura : Université du Burundi, Ecole Doctorale , 2023 . - VIII-358 p. ; 30 cm

Thèse présentée en vue de l'obtention du grade de Docteur en sciences psychologiques

Inscrite dans une perspective compréhensive et qualitative et dans une démarche inductive, la présente recherche doctorale porte sur un phénomène social criminalisé à savoir le viol commis sur les femmes et les filles en période post-conflit au Burundi. La recherche s’attèle à cerner les expériences de victimisations vécues par les femmes et les filles victimes du viol de proximité et les pratiques des acteurs impliqués dans sa prise en charge. La recherche tente de démontrer la complexité du viol, matérialisée par le caractère controversé de sa définition, la pluralité et la diversité des pratiques mobilisées dans sa prise en charge, les spécificités du contexte socio-culturel de sa commission…
Sur base des récits de vie, des entretiens semi-structurés et des focus group, nous avons récolté des données empiriques sur les expériences de victimisations vécues par les femmes et les filles victimes de viol et les pratiques des acteurs impliqués dans sa prise en charge. L’analyse des données nous ont permis de dégager des résultats axés sur les dimensions de la question de recherche. Ainsi, au sujet des victimisations liées au viol, nous avons constaté que les viols de proximité ont débouché sur la destruction de la nubilité des jeunes filles en milieu urbain et semi-urbain, la marchandisation de leur sexe et l’objectification de leur corps à travers la pratique du « troussage de domestique ». En outre, les viols commis sur les femmes en couple en milieu rural ont entrainé la destruction des liens de mariage et des relations familiales. Au niveau des pratiques de prise en charge du viol, il se dégage une pluralité de pratiques sous-tendues par plusieurs logiques. D’une part, les acteurs institutionnels s’attachent aux règles du métier de soignant, d’autre part, ils sont influencés par les coutumes du patriarcat et l’imaginaire collectif sur les violences commises contre la femme. Les pratiques formelles sont ainsi infiltrées par des pratiques informelles qui diluent la qualité de la prise en charge des victimes de viol. Les acteurs de judiciarisation du viol quant à eux, procèdent tantôt par le pénalo-centrisme, tantôt s’adonnent à des pratiques alternatives à la norme pénale à travers des pratiques infrajudiciaires voire extrajudiciaires. Nous avons constaté enfin que les logiques qui sous-tendent les pratiques des acteurs communautaires de gestion du viol sont fonction de leurs groupes d’appartenance et des enjeux défendus par chaque groupe. Nous avons remarqué d’un côté une collaboration entre ces acteurs qui profite aux victimes, de l’autre côté, des tensions et confrontations qui débouchent sur des victimisations secondaires.


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